~ Interview de Carolle Graf ~



- Qui êtes vous ?

Je m’appelle Carolle Graf, je suis retraitée, j’ai vécu en Suisse, mon pays d’origine et en Belgique. Cela fait maintenant 6 ans que je me suis installée en Uzège où j’ai découvert un tissu associatif très dense.

- Quel est votre rôle dans le projet que vous portez?

Je suis coordinatrice du « Ciné des Possibles », une initiative du « Rézo des Possibles »,un collectif informel d’une vingtaine d’associations qui toutes militent pour une transition écologique et sociale. C’est ce même collectif qui organise chaque année en Uzège une Fête des Possibles.
Au sein de ce collectif, on trouve par exemple l’association « Bâtir Vivant » qui soutient les modes de constructions écologiques, en terre crue notamment, « Geckologis », une coopérative d’habitat participatif, « ADAO » association d’aide aux aidants d’Occitanie, « CITRE », une association qui propose d’ équiper le toit des bâtiments publics avec des panneaux photovoltaïques, l’association l’ARRU, qui a créé une recyclerie ressourcerie en Uzège, etc…
Je reviens au Ciné des Possibles. Le Rézo des Possibles a conclu un partenariat avec le cinéma LE CAPITOLE, à Uzès dont les sympathiques propriétaires souhaitaient s’engager socialement et écologiquement. Une fois par mois, de septembre à mai, une association membre du Rézo présente un film en lien avec la cause qu’elle défend. La projection est suivie d’un débat avec les spectateurs.
Je suis donc coordinatrice de ce Ciné des Possibles : en collaboration avec les associations qui souhaitent présenter un film, j’aide à promouvoir la communication avec les médias locaux, pour rassembler le plus grand nombre de spectateurs. La pandémie COVID a éloigné le public des salles de cinéma. Mon travail est de les y faire revenir ! Je suis convaincue que le fait de regarder tous ensemble un film dans une salle de cinéma plutôt que chez soi, crée un vrai sentiment de solidarité, de vivre ensemble. Le débat d’idées qui suit la projection est toujours très intéressant même si, hélas, ce sont majoritairement les publics convaincus qui se déplacent.

- De quoi votre projet a-t-il actuellement besoin pour aller plus loin? Quelle est la prochaine étape à franchir?

Il me parait essentiel que tous les acteurs du territoire - les élus, les associations, les entrepreneurs – communiquent le plus possible entre eux pour concrétiser ensemble des réalisations utiles au bien commun. En ce sens, le projet Territoires d’expérimentations est une aubaine pour l’Uzège.
J’étais psychothérapeute dans ma vie professionnelle et j’en ai retiré la conviction qu’il faut prôner la concertation, l’argumentation, la gestion des conflits sans violence pour arriver à s’entendre et à faire des compromis. Ne pas faire l’unanimité ne veut pas dire que l’on ne peut pas vivre ensemble.

- Comment vous vous sentez sur votre territoire ? Quel regard portez-vous sur lui ?

Il me semble que la France souffre d’une tradition de confrontation plutôt que de dialogue. Jusqu’à présent en Uzège, j’ai eu l’impression que les associations militantes pour une transition écologique et sociale et les collectivités se sont peu entendues et/ou écoutées.
Le projet du Territoires d’Expérimentations de créer un dialogue entre tous les acteurs régionaux est une intéressante proposition. L’autonomie alimentaire, qui a été choisie en Uzège, est peut-être une utopie mais je suis une utopiste ! Beaucoup d’ utopies du passé sont devenues des réalités d’aujourd’hui.

- Avez-vous des attentes précises par rapport au projet du TE?

Je me réjouis beaucoup que l’Uzège ait été choisie pour être un TE. C’est passionnant. Atteindre le but du projet prendra du temps mais c’est normal compte tenu du grand nombre d’acteurs concernés. En tout cas, les differents partenaires vont apprendre à mieux se connaitre, c’est un bon début.

- Souhaitez-vous rajouter quelque chose à notre échange ?

Maintenant que plus personne ne doute - sauf Trump ! - de la réalité du déréglement climatique provoqué par les êtres humains et plus précisément par le capitalisme, il est rassurant de voir le grand succès de projets mis en place au niveau local. Par exemple, le formidable succès de «  l’ARRU” ou encore une assemblée citoyenne, dans le village d’Arpaillargues, qui a mis en place un compostage collectif pour ceux qui ne peuvent pas le faire chez eux ou encore un article récent dans le Monde qui révélait qu’en 2019, 20 000 foyers français disposaient de panneaux photovoltaïques et aujourd’hui 100 000.
Tout cela est très encourageant. Je veux être optimiste.


Propos recueillis par Cécile Gauthier en service civique au sein du Mouvement Colibris

Publié le 23/02/2023